La plupart des comics sont publiés à un rythme mensuel. Mais il arrive qu’un éditeur décide de publier une série, ou un arc, à un rythme plus élevé. Et parfois ça dure plus d’un mois ou deux. DC Comics a produit ainsi plusieurs de ces maxi-series : 52, Countdown to Final Crisis, Batman Eternal, The New 52 : Futures End ou Earth 2 : World’s End. Ces trois dernières séris ont connu une époque où elles étaient publiées toutes les trois en même temps, ça devait encombrer un poil les étalages. Bref, toujours est-il qu’après la série centrée sur Batman, l’éditeur a remis le couvert avec un Batman & Robin Eternal, mais pour vingt-six numéros « seulement » contre une cinquantaine pour certaines des séries citées plus haut.
Suite à l’arc Endgame de la série Batman, Bruce Wayne a perdu la mémoire et ignore que lui et Batman sont une seule et même personne. Alors que Gotham se découvre une nouvelle version de l’homme chauve-souris avec un commissaire Gordon recyclé en agent d’une entreprise privée, les différents jeunes qui officiaient sous la direction de Batman (Robin de toutes sortes, Batgirl, etc.) découvre que leur mentor leur a caché quelque chose.
Comme dans les autres maxi-séries, la distribution est assez large. On va voir défiler tous les Robin et autre affiliés de Batman connus à l’époque. On retrouve notamment Harper Row et Duke Thomas, tandis que Dick Grayson est dans sa phase agent de Spyral, ce qui nous fait croiser aussi sa patronne, Helena Bertinelli. Mais cette série est surtout l’occasion d’introduire enfin dans l’univers New 52 les personnages de Cassandra Cain et Jean-Paul Valley.
Du côté de l’intrigue, ça part un peu mais pas trop dans tous les sens au début. On a quand même différents fils narratifs, histoire de ne pas entasser tous les protagonistes dans un même lieu, et tout ça se rejoint plus ou moins à la fin. Le point de départ n’est pas vraiment très original : Batman/Bruce Wayne a caché pendant longtemps un secret à tout le monde et ça finit par éclater au grand jour (enfin, du point de vue des personnages, le reste du monde s’en cogne un peu). Il faut dire que c’est un ressort scénaristique qui fonctionne souvent assez bien avec ce personnage, puisqu’il y a une manie de cloisonner l’information et une obsession du contrôle. Là où je trouve ça intéressant dans cette série en particulier, c’est que du fait de son amnésie, Batman n’est plus là pour répondre aux questions. La Batfamille cherche donc des réponses et ne peut pas passer sa frustration sur son mentor.
Visuellement, c’est très variable. Comme toutes les maxi-séries, c’est la grande valse des artistes et des scénaristes, chacun s’occupant généralement de quelques numéros avant de passer la main et éventuellement de revenir plus tard. Les meilleures planches me semblent être celles dessinées par Tony Daniel et encrées par Sandu Florea. Pour le reste, ça va du correct au pas terrible. Il y a même quelques planches où j’avais du mal à faire la différence entre Tim Drake et Jason Todd.
Je gardais un souvenir plutôt bon de cette série et ça va encore à la relecture. J’ai une bonne tolérance sur beaucoup de choses concernant l’univers de Batman et cette série ne la pousse pas dans ses retranchements. J’apprécie notamment qu’on y parle beaucoup de Batman et de certaines de ses actions passées, tout en ne voyant le personnage que par le biais de divers flashback. Les interrogations de la Batfamille et les relations entre ses membres me plaisent bien. On a bien sûr son lot d’action, avec quelques scènes assez improbables… mais qui ne sont que le pain quotidien des séries à super-héros classiques. Bref, dans l’ensemble je suis content de cette relecture.
Batman & Robin Eternal
série en 26 numéros
reprise en deux volumes chez DC Comics (en anglais) et Urban Comics (en français)
environ 300 pages par volume