Ces dernières années, j’ai beaucoup apprécié les nouvelles de Nancy Kress que j’ai lu dans diverses anthologies, notamment celles dirigées par Jonathan Strahan. Il n’est donc pas surprenant de trouver un de ses textes dans ma pile de Une Heure-Lumière à lire.
Max, le narrateur, est un vieil homme très riche et dont les rapports avec sa descendance semblent compliqués. Sa fin est proche et il pourrait partir plus ou moins sereinement si ses petits-enfants ne venaient pas de perdre son bien le plus précieux. Un objet irremplaçable dont la perte lance le narrateur dans une quête chimérique.
Le récit alterne présent et passé. D’un côté, on suit donc Max dans la recherche de quelqu’un qu’il n’a pas vu depuis des décennies et qui semble inaccessible. De l’autre, on voit comment il a fait la rencontre de Daria et de quelle façon sa vie a été influencée par elle. Le futur proche que décrit Kress dispose de technologies impressionnantes pour lutter contre le vieillissement. Avec parfois des effets radicaux. L’autrice est précise et détaillée dans la description de ces éléments.
Mais ce qui est important dans ce récit, ce n’est pas tant l’aspect technique que ce qui est permis par cela. Peut-on vraiment arrêter de vieillir ? Est-ce réellement une bonne idée ? Surtout si le prix à payer, et pas seulement sur le plan financier, est particulièrement élevé. Voici un sujet qui est toujours un peu d’actualité, puisqu’on ne manque jamais d’une « nouveauté » proposant de ralentir le vieillissement voire de l’inverser : régime alimentaire, transfusion de sang, etc. Les sommes investis dans ce domaine sont importantes. On voit aussi la question du souvenir et de son lien avec la réalité. Les choses ont-elles été vraiment comme on s’en rappelle ? Surtout concernant des événements très éloignés dans le temps. La mémoire se réécrit sans cesse et se déforme un peu à chaque fois.
J’ai bien aimé les personnages décrit par Kress. Max a un côté irritant et peut-être même détestable sur certains points, mais il a aussi réussi à provoquer de l’empathie chez moi. Dans l’ensemble, je trouve que l’autrice construit bien ses personnages et pour moi ça participe vraiment au plaisir de cette lecture.
J’ai donc passé un très bon moment avec cette novella. Nancy Kress livre un texte très centré sur ses personnages, où l’on pourrait oublier régulièrement que l’on est dans de la SF, tout en utilisant par moment des éléments qui appartiennent clairement au genre. Et avec une fin que j’ai trouvé très satisfaisante. J’espère encore en lire d’aussi plaisant de sa part.
La fontaine des âges (Fountain of Age)
de Nancy Kress
traduit par Erwann Perchoc
illustration d’Aurélien Police
éditions Le Bélial
103 pages (poche)
disponible en numérique chez 7switch