Encore une novella et encore un texte de la collection Une Heure-Lumière, de plume d’une autrice que je n’avais encore jamais lu. Voyons un peu si ça passe bien.
Gideon est contraint de déménager avec ses parents chez son oncle paternel. Adieu Bath, ville moderne, et bonjour Ormeshadow, petite bourgade du fin fond de l’Angleterre victorienne d’où vient la famille de son père. L’acclimatation à ce niveau milieu n’est facile pour personne.
Le texte tire un peu du côté de la fantasy ou du fantastique, puisqu’il y est question d’un dragon légendaire endormi quelque part sous une falaise. Cependant, cet aspect est vraiment léger, puisque la majeure partie du récit concerne les années que Gideon passe à Ormeshadow, avec toutes ses misères, petites et grandes.
Car la vie de Gideon et de sa famille est bien morne et pas facile. Et on sent bien que le garçon souffre de cette différence avec la ville dans laquelle il pouvait être stimulé par la perspective de faire des études. Les relations avec ses cousins ne sont pas simples et la tension existant entre son père, sa mère, son oncle et sa tante pèse lourdement sur chaque événement ou presque. Le texte étant du point de vue de Gideon, on perçoit des choses dans les relations entre les adultes qui sont invisibles aux yeux du garçon pendant une partie du récit.
Au final, ce texte relève assez peu de l’imaginaire, dans le sens usuel. Il y a bien une histoire de dragon légendaire et la fin du récit peut le faire basculer dans le fantastique. Cependant, comme on reste dans la perspective de Gideon, qui a grandi en entretenant avec obstination une légende familiale, on peut se demander si les éléments fantastiques du récit ne sont pas exclusivement présents dans son esprit.
Tout ça fut d’une lecture bien agréable. La plume de Sharma trace très bien ce cadre rural dans lequel Gideon et sa famille se retrouvent, en proie à une forme de déclassement auquel il ne semble pas y avoir d’issue, tout en le saupoudrant très légèrement de fantastique.
Ormeshadow (Ormeshadow)
de Priya Sharma
traduit par Anne-Sylvie Homassel
illustration d’Aurélien Police
éditions Le Bélial
170 pages (poche)
disponible en numérique chez 7switch