Le premier volume du run de Chip Zdarsky sur la série Batman s’était terminé de façon fort dramatique. Tout ce qu’il faut pour se lancer rapidement dans la suite. Ayant justement le volume suivant sous la main, j’ai pu continuer rapidement cette relecture.
On retrouve un Batman / Bruce Wayne qui reprend conscience dans un Gotham qui n’est clairement pas le sien. Il doit rapidement se trouver de nouveaux alliés pour comprendre où il est et comment réintégrer son univers, tout en se méfiant des doubles de ceux qu’il connait.
J’ai bien apprécié l’endroit où nous emmène Chip Zdarsky. Proposer un univers alternatif est un grand classique des comics de super-héros. Un monde où Superman a atterri en Union Soviétique, un monde où Bruce est tué et son père survit, un monde où Barry Allen sauve sa mère, etc. Les possibilités sont infinies et l’édition ne se prive pas d’en exploiter régulièrement de nouvelles variantes. D’autant plus que les interactions entre ces différentes versions font même partie du principe du multivers qui structure l’environnement dans lequel évoluent les personnages de ce type de comics.
Bref, il n’y a rien d’original sur le principe, mais j’ai beaucoup aimé ce que le scénariste a fait avec ce ressort classique. Les versions proposées de Harvey Dent, Selina Kyle (dont Bruce doit se rappeler régulièrement qu’elle n’est pas sa Selina), etc. sont intéressantes. Sans parler d’un James Gordon très particulier qui tient compagnie à Bruce et dont j’ai bien apprécié les dialogues. Mais ce qui m’a le plus touché a bien sûr été l’apparition d’Alfred. Au moment où sont parus les numéros repris dans ce recueil, cela faisait plus de trois ans et demi que le célèbre majordome avait été tué par Bane. Une mort dont j’ai bien cru à l’époque qu’elle serait rapidement annulée par l’un de ces improbables artifices narratifs dont l’édition a le secret. Mais il n’en a rien été. Alfred est mort et le reste, pour le moment. Au contraire, les scénaristes ont su parfois exploité le deuil de Bruce et de sa famille. C’est bien sûr le cas ici et cet arc offre une forme de retrouvaille émouvante entre un fils et un père qui se sont perdus mutuellement, mais qui savent en même temps qu’ils ne rencontrent qu’une version alternative de l’être cher et perdu.
Zdarsky joue aussi avec le Joker, incontournable de l’univers Batman et dont on aurait du mal à se passer dans une version alternative. L’intrigue dans laquelle on nous embarque finit par rebondir vers le multiverse, dans un numéro qui sera l’occasion d’une débauche de styles graphiques plaisante à voir, avec des artistes qui font du bon boulot pour s’adapter à des styles bien connus.
Ce recueil se termine par un numéro en forme d’épilogue qui fait le point sur les personnages et où l’on voit que Bruce n’est pas encore libéré du Batman de Zur-en-Arrh. Ce numéro semble absent du deuxième volume français et reporté au volume suivant.
Les quatre premiers numéros ont une back-up story centrée sur Tim Drake qui n’ont seulement est persuadé que Bruce Wayne n’a pas été tué par Failsafe, mais qu’il a besoin de son aide pour revenir. Un joli arc en quatre parties sur un Robin qui refuse d’abandonner espoir, avec une scène qui fait un beau miroir aux « retrouvailles » entre Bruce et Alfred. Si le cinquième numéro est entièrement occupé par l’histoire principale, le dernier a aussi sa petite back-up story qui parle de Zur-en-Arrh et de Failsafe.
Je suis content de cet arc. J’ai trouvé que la version alternative de Gotham proposé par les auteurs fonctionne bien. Bruce doit s’adapter à ce nouveau terrain, avec quelques handicaps, tout en essayant de comprendre pourquoi il est ici et comment revenir chez lui. La back-up story fait bien écho au récit principal, avec un Tim Drake vraiment touchant par sa foi en Bruce. Et l’arc se termine en feu d’artifice avec un joli patchwork de belles références. Les artistes font du bon boulot, c’est propre, joli, avec quelques séquences d’action assez dynamiques. J’apprécie aussi l’ambition de Zdarsky qui marche un petit peu dans les traces d’un Grant Morrison par moment et qui sait également mettre une belle dose d’émotion par moment. La version anglophone du recueil contient aussi une petite trentaine de couvertures alternatives pour les différents numéros, avec de bien belles choses dans le lot.
Batman – volume 2 – The Bat-Man of Gotham
écrit par Chip Zdarsky
dessiné par Mike Hawthorne, Miguel Mendonça, Jorge Jimenez, Mikel Janin, Belén Ortega & Jorge Corona
encré par Adriano Di Benedetto, Miguel Mendonça, Jorge Jimenez, Mikel Janin, Belén Ortega & Jorge Corona
colorisé par Tomeu Morey, Roman Stevens, Romulo Fajardo Jr. & Ivan Plascencia
lettré par Clayton Cowles
éditions DC Comics (anglais) Urban Comics (français)
240 pages (anglais) 208 pages (français)