J’ai récemment chroniqué un ouvrage parlant d’espionnage, sur un groupe d’espions célèbres du 20e siècle. Mais la pratique est très ancienne et si elle est bien explorée par de nombreux ouvrages sur la période contemporaine (disons depuis fin 18e, début 19e siècle), c’est nettement moins évident quand on remonte dans le temps. Aussi, la sortie d’un livre qui s’y intéresse pendant le moyen âge m’a attiré.
En introduction, l’auteur cadre un peu son propos et précise les sources dont on dispose. Ce qui sur un sujet qui par nature implique une certaine discrétion n’est pas anecdotique. Il présente ensuite le corpus de mot reliés à cette activité et là aussi j’ai trouvé ça très intéressant. Les mots ayant parfois plusieurs significations et pouvant évoluer avec le temps, il est important de préciser de quoi on parle.
Si l’ouvrage n’est pas très long, à peine plus de deux cents pages, il est riche. On va voir comment les auteurs médiévaux traitent la question du renseignement. Comment ses acteurs sont représentés. De quelle façon l’espionnage se mêle en permanence à la diplomatie, ainsi que la nature de cette dernière à l’époque.
L’auteur illustre aussi son propos avec divers exemples, notamment sur Louis XI et l’un de ses conseillers, Philippe de Commynes. Le parcours de ce dernier est très intéressant. On nous propose aussi quelques exemples venant des villes de la péninsule italienne.
Voilà donc un ouvrage qui n’est pas très long et se lit bien. Le seul défaut que j’y trouve est une fin un peu abrupte, qui manque peut-être d’une sorte de conclusion. Mais le propos est riche et très intéressant. Non seulement l’auteur présente bien le contexte historique et la façon dont cette activité fonctionnait à l’époque. Mais il a aussi une approche assez didactique sur le principe global du renseignement, toujours valable, avec son cycle comprenant notamment la collecte du renseignement, sa transmission et son analyse. Le tout au service d’un objectif politique. Bref, le livre sera certainement d’une lecture intéressante pour toute personne curieuse du sujet, même sans connaissance préalable du renseignement en général.
L’espionnage au Moyen Âge
de Valentin Baricault
éditions Passés Composés
220 pages, dont notes, sources et bibliographie (moyen format)