J’ai parlé il n’y a pas très longtemps d’une novella d’Adrian Tchaikovsky, Le dernier des ainés, et j’avais déjà précédemment lu son roman Dans la toile du temps. La collection Une Heure-Lumière des éditions du Bélial ayant une autre novella de sa plume dans leur catalogue, je m’y suis intéressé.
Le narrateur erre dans les Cryptes, un endroit loin de la Terre, survivant tant bien que mal aux milieux de créatures issues d’innombrables mondes extra-terrestres.
Le récit se dédouble en deux trames narratives. D’une part, l’errance du narrateur qui traverse de multiples épreuves pour survivre dans un environnement parfois bien hostile. D’autre part, le récit de la découverte des Cryptes par l’humanité et de la façon dont le narrateur s’y est perdu.
L’alternance entre les deux fils fonctionne bien. L’auteur sème petit à petit les cailloux qui permettent de comprendre pourquoi le narrateur est physiquement perdu tout en mettant bien en scène sa descente dans la folie. Tout ça va mener à une fin qui fonctionne assez bien, même si j’en ai deviné la teneur avec quelques pages d’avance. Juste ce qu’il faut pour avoir la sensation de briller un peu sans pour autant avoir l’impression de voir à travers les méandres du récit dès la première page.
Les Cryptes ne sont assurément pas une endroit où j’aimerai me promener. La diversité des environnements et des créatures rencontrées est autant plaisante à voir en tant que lecteur qu’elle serait angoissante à affronter en tant que visiteur. Tchaikovsky s’y entend assez bien pour décrire des êtres étranges dont on ne comprend pas toujours les actions et dont le physique peut fasciner autant qu’inquiéter. J’ai bien ressenti l’étrangeté de la topologie de ce lieu, qui est un bon spécimen de cette catégorie d’objet de science-fiction dont l’intérieur dépasse l’extérieur. Et si le narrateur semble avoir une idée sur la finalité de ce lieu, je doute un peu qu’il détienne la bonne réponse à cette question. Les Cryptes paraissent avoir une raison qui dépasse un peu notre entendement.
Si l’intrigue et les lieux ne semblent pas propres à l’enchantement, le ton employé par le narrateur permet tout de même une bonne dose d’humour, en jouant notamment de diverses références qui nous sont accessibles.
Tchaikovsky n’a pas trop à jalouser Alastair Reynolds pour ce qui est de décrire des endroits et des créatures dont on aimerait que les ténèbres nous les cachent un peu plus. J’ai eu juste ce qu’il fallait de prévisibilité pour apprécier la chose et j’ai bien aimé le ton du narrateur. Bref, j’ai passé un bon moment en lisant cette novella.
Sur la route d’Aldébaran (Walking to Aldebaran)
d’Adrian Tchaikovsky
traduit par Henry-Luc Planchat
illustration d’Aurélien Police
éditions Le Bélial
154 pages (poche)
disponible en numérique chez 7switch