Étant très satisfait de ce que j’y trouve, je continue à faire le tour de la collection Champs de bataille des éditions Perrin. Cette fois, il s’agit de l’ouvrage consacré au premier désastre français de la guerre de cent ans. Une bataille dont le nom est généralement connu de tous et qui avec Azincourt, Trafalgar ou Waterloo est synonyme de défaite complète. Voyons un peu ce qu’on en dit sérieusement.
On retrouve la formule de la collection, avec la mise en contexte, le résumé de la campagne qui mène à la bataille. La présentation des acteurs, des équipes, du terrain, le déroulement. Puis l’après, sur le plan militaire et politique et enfin la mémoire de l’événement. Le tout accompagné d’un cahier couleur de cartes au milieu de l’ouvrage et d’un marque page qui fait office de chronologie et de légende.
La composante la moins bien représentée, par rapport à ce que propose la collection, est celle du témoignage. Et il est assez évident de comprendre pourquoi ce volume ne peut que paraître plus faible que les autres. L’éloignement temporel (c’est à ce jour la bataille la plus ancienne de la collection) combiné au fait que les soldats de rang n’ont généralement pas produit de texte font que l’axe « bataille vu par le bas » est très compliqué à explorer. Là où c’est évidemment bien plus facile pour une bataille comme celle d’Okinawa.
Il y a beaucoup de choses intéressantes sur les autres aspects. Et à peu près tout semble susciter débat voir controverse. Qu’il s’agisse des intentions d’Édouard III au début de la campagne, du lieu de la bataille, de son déroulement, de l’attitude de Philippe VI avant, pendant ou après la bataille, de la perception de cette dernière à l’époque, etc. J’en fini par avoir l’impression qu’il n’y a pas un seul point qui fasse consensus chez les historiens.
L’auteur navigue donc à travers tous ces éléments, en essayant de livrer et de défendre sa version personnelle. Ses arguments semblent plutôt bien tenir la route, mais l’exposition des idées contraires est intéressante et permet éventuellement d’opter pour une autre version. La contextualisation des sources est présente et bienvenue.
J’ai en particulier apprécié toute la partie sur les leçons de la bataille. On y voit notamment que la chevalerie française n’est pas restée bloquée sur sa doctrine et a tenté de la faire évoluer. Les désastres suivants de Poitiers et Azincourt ont des origines différentes de celui de Crécy.
Cet ouvrage m’a permis d’en savoir plus sur une des plus célèbres batailles que je connaissais le plus mal. Il s’insère bien dans sa collection, notamment par son accessibilité. Le prochain volume que j’en lirai sera probablement celui consacré à la chute de Constantinople, en 1453.
Crécy 1346
de David Fiasson
éditions Perrin / Ministère des armées
309 pages, dont cartes, annexes, lexique, notes, bibliographie et index (format moyen)
disponible en numérique chez 7switch