Sweet Harmony, de Claire North

Claire North est une autrice dont j’ai pas mal entendu parlé ces dernières années mais que je n’avais pas encore lu. Le hasard de mes acquisitions dans la collection Une heure-lumière a fait entrer une de ses novella dans ma pile de lecture.

Harmony Meads est agente immobilière et sa carrière avance bien, jusqu’au jour où un bouton apparaît sur son visage. Commence alors une véritable descente aux enfers.

Cette novella parle de la santé, de la technologie et de l’enfer que ça devient quand le capitalisme s’en mêle. Lorsque la nanotechnologie permet de régler de nombreux soucis de santé, on finit par s’en servir pour arranger des problèmes cosmétiques. Et avec les groupes industriels derrière, tout marche par abonnement. Ce texte respire vraiment l’ère du temps où il devient de plus en plus difficile d’acheter quelque chose et d’en être propriétaire et où tout se transforme en formule d’abonnement.

On voit aussi le problème d’une nouvelle forme d’addiction avec la recherche d’une perfection corporelle et ses effets de mode qui imposent de toujours aller plus loin. Et donc de dépenser plus.

Le point peut-être le moins science-fictif et le plus proche de notre réalité dans ce texte est celui du crédit. On voit bien qu’Harmony croule sous les dettes et que le système ne semble lui proposer que des solutions qui le font durer éternellement. Là, j’ai trouvé un sacré écho de problèmes comme celui des prêts outre-Atlantique. Ces prêts permettent de faire de « petites » mensualités qui ne paient que des intérêts et ne remboursent quasiment pas le capital, prolongeant ainsi indéfiniment le remboursement. Et si on en vient à bout, on finit par avoir payé en intérêts deux ou trois fois la valeur du capital emprunté.

J’ai beaucoup aimé l’écriture de Claire North. On plonge bien dans la vision d’Harmony, avec ses tracas petits et grands. On voit comment s’est mise en place la spirale infernale de recherche de perfection et d’endettement mortifère. La période de relation abusive fait mal à lire. Et j’ai apprécié les petits messages publicitaires, qui se concluent presque tous par la très révélatrice formule « fournisseur de santé ». Dans ce futur, qui semble un peu trop proche de notre présent, la santé n’est pas un droit mais un service pour lequel il faut enrichir grassement un fournisseur.

Sweet Harmony ne vend vraiment pas du rêve, mais parait tomber sacrément juste sur les sujets qu’il aborde. Et comme ce monde semble assez proche du notre, ça fait d’autant plus mal. Ce ne fut donc pas une lecture amusante, mais je l’ai beaucoup apprécié.

Sweet Harmony (Sweet Harmony)
de Claire North
traduit par Michel Pagel
illustration d’Aurélien Police
éditions Le Bélial
159 pages (poche)

disponible en numérique chez 7switch

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