Paul Di Filippo fait partie de ces auteurices de SFF dont je connais le nom depuis longtemps et dont je n’avais pourtant jamais lu un seul texte, à ma connaissance. C’est maintenant chose faite, grâce à une novella de la collection Une Heure-Lumière.
Diego Patchen est un écrivain qui vivote de ses récits de mondes imaginaires où il tente de concevoir d’autres usages de la science et de la technologie. On va suivre sa vie pendant une petite année et voir sa relation avec son père, sa petite amie, son meilleur ami, son éditeur, etc.
L’univers dans lequel vit Diego est bien étrange et justifie le titre du texte. Même si on n’est pas tout à fait dans une cité qui ne se compose que d’une seule rue (le type original est un peu plus clair à ce niveau), il s’agit effectivement d’une immense cité qui semble s’étirer plus ou moins à l’infini suivant un seul axe. Et s’il y a un ou deux points sur lesquels j’ai du suspendre un minimum mon incrédulité (notamment l’approvisionnement alimentaire), j’ai beaucoup apprécié de découvrir et de parcourir cet univers, avec un vocable spécifique à cette société. L’auteur rend vraiment la sensation que tout est bien organisé suivant une ligne et que le reste de l’humanité se trouve soit en amont, soit en aval.
Le choix du personnage principal est plaisant. Avec son statut d’auteur cherchant à décrire d’autres possibles, Diego est évidemment un écrivain de science-fiction. J’ai aimé voir les propositions qu’il soumet à son éditeur. J’ai d’ailleurs retrouvé dans ces interactions un peu de ce que je voyais transparaître comme rapport auteur/éditeur de pulp dans les présentations écrites par Isaac Asimov autour de ses nouvelles. J’ai vraiment eu l’impression de voir un contexte éditorial se situant quelque part entre les années 1930 et 1950.
L’auteur parvient tout de même à proposer une intrigue qui d’une part justifie un peu le récit qui n’est pas un simple étalage de vie quotidienne dans un univers alternatif et d’autre part justifie le titre, tant sur la durée que sur le lieu. Les personnages qui entourent Diego et leurs interactions avec ce dernier sont bien écrites.
Ce fut donc un plaisir de découvrir la plume et l’imagination de Paul Di Filippo, avec cette novella qui propose et explore en détail un monde imaginaire, tout en le peuplant de personnages sympathiques et en manœuvrant tout ce petit monde dans une intrigue suffisamment consistante pour être satisfaisante.
Un an dans la ville-rue (A Year in the Linear City)
de Paul Di Filippo
traduit par Pierre-Paul Durastanti
illustré par Aurélien Police
éditions Le Bélial
120 pages (poche)