En terme de non-fiction, je lis principalement des ouvrages consacrés à l’histoire. Mais il arrive que je m’aventure dans des terres personnellement moins explorées. C’est ce qui m’est arrivé récemment avec un essai d’un sociologue, que je suis depuis un moment sur les réseaux : Denis Colombi. La sortie de son dernier essai en date a été l’occasion de m’intéresser un peu à ses écrits.
Le but de l’ouvrage, tel que je l’ai compris, est de faire comprendre ce qu’est le travail et où il se manifeste. Une idée qui pourrait paraître évidente et qui pourtant ne l’est pas vraiment. Parce qu’il n’est pas simple de définir le travail et qu’il peut en réalité se dissimuler dans les moindres recoins de notre existence.
L’auteur démarre bien son ouvrage en commençant par s’attaquer à la petite formule sur la « France qui se lève tôt ». Un bon tacle pas démérité sur un de ces outils qu’éditorialistes et politiques adorent servir à toutes les sauces, surtout pour invisibiliser tout ce dont iels ne veulent pas parler.
L’invisibilisation est un des grands thèmes que brasse ce livre. Une invisibilisation qui se manifeste de nombreuses façons et dont la conséquence ultime est presque toujours la même : nul besoin de rémunérer ce qui est invisibilisé.
Le propos est très digeste. Colombi livre une introduction, douze chapitres (regroupés en trois parties) avec des sous-chapitres assez courts. Ceci aide bien à la lecture de l’ouvrage, que l’on peut interrompre assez facilement, sans avoir peur de se retrouver perdu au milieu d’une démonstration de quinze pages. Pourtant, le livre n’est pas d’un contenu léger, c’est au contraire bien fourni. Il y a beaucoup d’idées, l’auteur propose de nombreux exemples pour illustrer son propos, que ce soit du domaine réel ou fictionnel (avec moult notes en fin d’ouvrage pour retrouver toutes les références des études et ouvrages utilisés). Son écriture est aussi fluide, claire et abordable, sans se priver d’être précise dans les mots qu’elle emploie. Ce qui est particulièrement important, vu le sujet traité.
J’ai énormément apprécié cet ouvrage. Je suis et interagi parfois avec son auteur depuis un moment sur les réseaux sociaux et ce fut donc une heureuse chose de constater que son travail en tant qu’auteur d’essai en sociologie est aussi bon. Le livre se veut accessible au grand public et c’est bien une réussite à ce niveau. Il livre une peinture de la situation qui n’a rien d’enthousiasmant et peut donner l’impression que la réalité de notre rapport au travail est encore plus déprimante qu’on ne l’imaginait. Mais il propose aussi quelques pistes pour faire bouger les choses. Et puis, sans une sérieuse prise de conscience de l’existence d’un problème, de sa nature et de son ampleur, il est toujours plus difficile d’y remédier. Merci donc pour l’ouvrage, dont je recommande vivement la lecture.
Note : à côté de ses ouvrages de sociologie, Denis Colombi est aussi auteur d’une novella de SF sur laquelle je me pencherai peut-être un de ces jours.
Qui travaille vraiment
de Denis Colombi
éditions Payot
256 pages, plus notes (format moyen)
disponible en numérique chez 7switch