Il y a une dizaine d’années, au milieu de tout un tas d’autres vidéastes qui se lançaient sur youtube, un petit nouveau se fit remarquer sous le nom de Nota Bene : Benjamin Brillaud. Rapidement, il franchit un nombre d’abonnés tout à fait respectable, en produisant des vidéos avec une approche un peu fun de l’histoire. Dix ans plus tard, Benjamin est devenu le premier vulgarisateur historique sur youtube, affichant plus de deux millions d’abonnés au compteur et travaillant avec quantité de spécialistes reconnus pour produire ses vidéos. Dans l’intervalle, il a un peu étendu son champ d’action, notamment du côté des librairies. Deux ans après ses débuts, il publie un premier ouvrage, consacré aux batailles. Un sujet qui ne peut que m’intéresser.
Dans cet ouvrage, Benjamin propose de nous raconter quinze batailles dont le déroulement ou l’issue les rend notables. La forme que propose l’auteur consiste d’abord à poser le contexte, parfois en remontant d’un ou deux siècles en arrière pour comprendre pourquoi il y a conflit et donc bataille. On voit l’enchaînement des événements qui amènent précisément à la bataille et enfin le déroulement de cette dernière. A ce moment, Benjamin glisse un petit passage de fiction pure, où il imagine l’ambiance du moment et les réactions d’un personnage. Ces passages sont très bien identifiés, accompagnés de quelques notes qui précisent le caractère fictif ou réel de certains protagonistes et l’auteur l’annonce clairement dès le début de l’ouvrage. Enfin, on voit l’issue de la bataille, le pourquoi ça mérite d’être rangé dans cette collection de batailles foireuses et on conclut par un petit passage « pendant ce temps à Veracr… ailleurs », qui permet de rappeler que l’histoire ne se limite jamais à un seul moment à un seul endroit. Il se passe toujours autre chose ailleurs.
Chronologiquement, les batailles s’étalent de Marathon à la Baie des Cochons. Géographiquement, « seules » huit batailles sur quinze sont en Europe. Le reste se réparti entre l’Asie, l’Afrique et l’Amérique. Et certaines des batailles ne sont pas terrestres mais navales. Les profils sont aussi assez variés, l’une des batailles ne durant même pas une heure. La principale constante étant finalement qu’un des deux côtés prend vraiment cher, parfois dans des proportions hallucinantes, et ça va donc très bien avec le propos de l’ouvrage.
On trouve à la fin du livre une petite liste bibliographique permettant de creuser un peu plus chacune des batailles et les conflits les concernant. Chaque chapitre est aussi accompagné d’une illustration d’Arcady Picardi, l’auteur souhaitant aussi inclure un aspect visuel.
Si je n’ai pas découvert de nouvelles batailles avec cet ouvrage, j’ai tout de même pu approfondir ma connaissance de quelques-unes. J’ai beaucoup aimé le ton de l’auteur et j’ai lu une bonne partie de l’ouvrage en entendant la voix de Benjamin dans ma tête. Il ne manquait que son habituel « mes chers camarades, bien le bonjour ».
L’ouvrage n’est probablement pas exempt de quelques petites erreurs ou approximations. Benjamin est à l’époque encore en plein évolution et il a depuis parcouru bien du chemin, comme le montre les ouvrages qu’il a récemment dirigés sur les vikings et les samurais (j’en reparlerai à l’occasion ici dans quelques temps). Ce livre est tout de même une bonne introduction à des batailles variées, pas toutes très connues et dans lequel on peut picorer tranquillement.
Enfin, je tiens à saluer le soin que prend l’auteur en introduction à bien cadrer son propos. Benjamin précise bien qu’il se livre par endroit à un exercice fictionnel, de façon bien délimitée, ce qui n’est pas toujours le cas de certains auteurs d’ouvrages historiques qui arrivent à coller un « haussement d’épaules » à Alexandre le Grand ou une « moue agacée » à Charlemagne. L’auteur n’est pas historien mais vulgarisateur, il en a parfaitement conscience et déjà en 2016 il savait très bien où placer la limite entre la science et la fiction. C’est honnête, ça respecte l’intelligence des lecteurices et c’est une attitude respectable. Merci pour ça.
Les pires batailles de l’histoire
de Benjamin Brillaud
édition Tallandier
286 pages (poche)
disponible en numérique chez 7switch