Ce qu’il y a de bien à avoir un petit stock de livres non-lus de mes auteurs préférés, c’est que quand j’ai un petit doute sur la nouvelle lecture à démarrer, il me suffit de piocher dedans. C’est donc ainsi que vient le tour de Creation Node de Stephen Baxter.
2255. L’humanité a colonisé la Lune et quelques fragments du système solaire. Une expédition s’est lancée pour tenter de trouver la mythique neuvième planète (autrefois considéré comme dixième quand Pluton avait ce statut), perdue quelque part largement au-delà de la ceinture de Kuiper. Ce que l’équipage du Shadow trouve va vite les dépasser.
Dans ce futur que propose Baxter, l’humanité a un peu colonisé l’espace mais ça n’est tout de même pas allé très loin. Et si la Terre est à peu près unifiée, elle est en concurrence avec une faction lunaire, ainsi qu’un groupe annexe qui au contraire des deux autres souhaite minimiser l’exploitation de l’espace. Bref, son univers n’est pas très complexe mais il contient suffisamment de diversité pour faire son office.
Du côté des protagonistes, j’ai beaucoup aimé suivre Salma et sa relation avec Feathers. Si cette dernière est une curiosité sur laquelle la plupart vont spéculer, avec des théories très intéressantes, Salma n’oublie jamais de la considérer comme une personne et de la respecter. Comme c’est régulièrement le cas chez l’auteur, on va aussi croiser un personnage avec une obsession qui va finir par occulter chez lui tout autre considération. Et puis comme c’est Baxter, certains protagonistes sauront nous rappeler que les humains sont capables des pires crasses.
Le livre est probablement un peu trop long. Bien que l’auteur sache toujours faire des sauts dans le temps pour faire avancer son intrigue, les deux premiers tiers de l’ouvrage ne perdraient pas grand chose à subir une petite cure d’amaigrissement. Cela permettrait peut-être de le rendre un peu plus dense. Pourtant, il y a plein de choses intéressantes dans cette partie, notamment les spéculations concernant Feathers. On retrouve d’ailleurs là la grande marotte de Baxter : l’évolution. Il fait aussi bien ressentir l’immensité de l’espace et de l’empilement d’échelles vertigineuses. Une planète comme Saturne est bien loin et s’y rendre est déjà fort long. Pourtant, ce n’est rien à côté de la distance à parcourir jusqu’à cette neuvième « planète », qui est pourtant toujours dans notre système solaire.
Le dernier tiers rappelle qu’on n’est pas dans un bouquin de SF d’un auteur quelconque mais chez Baxter : on part loin, au point qu’on perde un peu la notion tant de l’espace que du temps. Les personnages embarqués dans cette aventure font des découvertes impressionnantes. L’auteur sait intégrer les idées incroyables proposées par des scientifiques dans ces récits. C’est vraiment l’une de ses grandes forces et sa postface permet de créditer les papiers et les gens qui l’on inspiré. A la fin, il touche aussi légèrement du doigt la dimension de la foi et de la religion, d’une façon qui me rappelle un peu le Contact de Carl Sagan et son pendant filmique réalisé par Robert Zemeckis (un film dont je finirai bien par parler ici aussi).
Bref, Creation Node n’est pas un ouvrage qui peut prétendre se hisser dans le haut du panier de la production, au demeurant très large, de Stephen Baxter. C’est tout de même un ouvrage que j’ai pris plaisir à lire, avec toujours des idées intéressantes et sa dose baxtérienne de waouh scientifique.
Creation Node
de Stephen Baxter
éditions Gollancz
439 pages (format moyen)