Ça devient une habitude sur ce blog : je suis très intéressé par la collection Champs de bataille des éditions Perrin. Me voici donc rendu au sixième volume, qui est le premier consacré à un siège plutôt qu’à une bataille plus « classique ».
La chute de Constantinople est un événement marquant de l’histoire, au point que certains l’utilise comme borne séparant le moyen-âge de la renaissance, au lieu de la découverte du contient américain par Christophe Colomb.
Sylvain Gouguenheim suit la formule de la collection : introduction, présentation du contexte, marche des événements jusqu’à la bataille, déroulement des combats, issue, conséquences et enfin mémoire. Le tout en émaillant le texte d’extraits de témoignages et avec un cahier de cartes en couleur au milieu et un marque-page qui fait aussi office de chronologie et de légende pour les cartes. Ça fonctionne toujours aussi bien.
Au contraire de certaines des batailles déjà évoquées dans la collection, comme Verdun ou Gettysburg, les jeux semblent déjà fait avant l’affrontement. Certes, la légendaire cité a déjà résisté à plusieurs sièges de ceux qu’on n’appelle pas encore les ottomans. Mais la déliquescence, très bien exposée, de l’empire byzantin ne laisse aucun doute sur l’issue à long terme : l’empire est un mort en sursis. Et le sultan Mehmed II prépare bien le terrain pour mener cette nouvelle tentative de siège.
Le tableau des forces en présence au début du siège montre aussi que les byzantins jouent avec des handicaps : les relations avec Venise et Gênes en particulier n’aident pas à leur défense.
L’auteur détaille le déroulement du siège et pointe les incohérences entre les différents récits qui nous en sont parvenus. Il précise bien le statut des différents auteurs concernés : témoin direct des événements, rapporteur de témoignage proche dans le temps ou auteur plus tardif.
On explore bien les conséquences immédiates de la chute de la ville : disparition de l’empire byzantin. Puis conquête des ultimes avatars de ce monde grec (Trébizonde, etc.) L’impact sur la perception de la « menace » turque est important et si les armées de Mehmed II ne se jettent pas sur Rome dans la foulée, comme le prophétisent certains à l’époque, Gouguenheim montre que l’empire ottoman s’étend sur le continent européen pendant encore deux siècles avant de commencer à refluer.
Bien que la bataille nous soit distante de plus de cinq siècles, l’auteur montre aussi que ses conséquences agitent encore le monde. Et que certains rêvent encore d’une improbable reconquête de la cité légendaire.
L’auteur a bien réussi à suivre les marqueurs de la collection. Les extraits des sources permettent de saisir un peu l’ambiance qui a pu régner lors de ce siège. Je trouve que cet ouvrage a parfaitement sa place dans la collection, non seulement par sa qualité propre, mais aussi par le fait qu’il parle d’un événement historique très marquant et parce que le profil de cette bataille, en réalité un siège, est bien différent des autres ouvrages de cette série.

Constantinople 1453
de Sylvain Gouguenheim
éditions Perrin / Ministère des armées
286 pages, plus annexe, notes, bibliographie & index (format moyen)
disponible en numérique chez 7switch