Puisque cette émission a lieu début août et que nous sommes donc en pleine période estivale, je vais surtout revenir sur des ouvrages ou des séries dont j’ai déjà parlé par le passé et qui reviennent un peu dans mon actualité personnelle, d’une façon ou d’une autre.
– J’ai évoqué dans une émission précédente (la mission 55 si mes archives sont exactes) la série Origines de Stéphane Przybylski, publiée par Le Bélial. Le premier volume, le château des millions d’années, était un peu pour moi ce que le 4e Indiana Jones aurait pu être si ça avait été un bon film. Przybylski offre un mélange archéologie / extra-terrestre / fin des années 1930 qui a su m’enthousiasmer. Et ce n’est pas Le marteau de Thor, deuxième volume de la tétralogie, que je suis en train de lire qui va me faire changer d’avis sur la question. C’est toujours précis historiquement, on continue d’être dans une sorte d’équilibre entre histoire secrète et uchronie et ça se lit toujours avec plaisir. Ayant mis un peu de temps avant de me lancer dans cet épisode, je pourrais assez rapidement enchaîner avec le suivant, puisque Club Uranium est sorti au mois de juin. Le quatrième et dernier volume, Le crépuscule des dieux, est quant à lui prévu l’année prochaine.
– Passons ensuite à un peu de fantasy de guerre. Dans les nouveautés de cette année 2016, j’ai repéré Mage de guerre, de Stephen Aryan (chez Bragelonne). Ce premier volume d’une trilogie est un peu dans la lignée du Légende de David Gemmell. On y suit des mages qui doivent reprendre le combat pour protéger leur pays d’une horde d’envahisseurs. J’ai pris plaisir à cette lecture de pure détente, Aryan mène assez bien sa barque et ce premier volume offre une fin qui ne nécessite pas de lire la suite, chose que j’apprécie vraiment.
– Lorsqu’une série est finie, c’est toujours agréable de pouvoir acquérir une édition proposant tous les opus en un seul volume. C’est chose possible depuis quelques semaines pour la trilogie Spin de Robert Charles Wilson grâce à la collection Folio SF. Spin est un très bon roman de science-fiction reposant sur une idée très intéressante et originale mais dont la force vient des personnages. Wilson a cette capacité de toujours développer des protagonistes qui permettent de diriger l’histoire et ne pas la faire reposer simplement sur quelques idées encadrées de personnages sans substance. Les deux suites, Axis et Vortex sont des romans assez différents du premier avec leurs qualités et défauts propres et permettent tout de même de continuer à explorer l’univers proposé dans Spin et les conséquences de ce premier volume.
– J’ai déjà parlé de ce roman assez particulier qu’est l’Anamnèse de Lady Star, de L. L. Kloetzer. Trois ans après sa sortie en grand format, l’ouvrage est disponible en poche depuis quelques mois chez Folio SF. Ce portrait en creux d’une femme dont la nature même est incertaine constitue l’une de mes expériences de lecture les plus marquantes de ces dernières années. Par le biais de différents témoignages, on suit les traces laissées par cette femme étrange avant, pendant et après le Satori, événement difficile à expliquer qui marque la disparition d’une bonne partie de l’humanité. L’ouvrage n’est pas le plus aisé qui soit à lire, il demande un minimum d’attention, mais sa lecture est une expérience que je ne regrette nullement.
– J’ai parlé à plusieurs reprises de Charles Stross, notamment pour sa série de la Laverie. Cette agence secrète britannique utilise les moyens de la technologie et la magie (qui sont en réalité une seule et même chose) pour protéger les sujets de sa gracieuse majesté des horreurs d’outre-espace et des dimensions cachées. Ce mélange de SF tendance geek et d’horreur lovecraftienne m’a charmé dès son premier volume, intitulé Le bureau des atrocités. Le principal défaut de cette série est le fait que seuls les deux premiers volumes ont été traduits en français. Si personnellement cela ne m’a pas empêché de poursuivre la série (je viens d’en terminer le septième volume publié il y a quelques semaines) ceci constitue un frein majeur pour de nombreux lecteurs francophones. Qu’à cela ne tienne, des passionnés ont lancé le projet Exoglyphes, qui vise à financer la traduction en français de plusieurs textes étrangers dont les nouvelles et romans inédits chez nous du cycle de la Laverie. Voila une belle initiative à laquelle je souhaite tout le succès possible.
– Un autre ouvrage dont j’ai déjà parlé dans une émission précédente : Le vieil homme et la guerre, de John Scalzi. Ce space opera propose comme point de départ le fait qu’à soixante-dix ans, tout humain se voit proposer d’intégrer l’armée. On lui fournit alors un corps rajeuni et en échange de quelques années de service à mater des rebelles et écraser des hordes d’extra-terrestres belliqueux, les survivants gagnent le droit à un nouveau départ sur un nouveau monde. Qui n’échangerait pas une fin de vie déclinante et douloureuse contre la promesse d’une deuxième jeunesse ? Longtemps disponible seulement en grand format, ce roman arrive enfin en poche chez Milady au mois de septembre. Une bonne occasion de se lancer dans sa lecture.
– Dans la catégorie des bouquins épuisés depuis un moment et qui reviennent dans les rayonnages, je vous propose Saison de gloire de David Brin, précédemment édité sous le titre La jeune fille et les clones. Après Le facteur l’année dernière et Terre en début d’année, c’est le troisième roman de Brin dont Milady nous propose une nouvelle édition. Cette série de réédition devrait être suivie cet automne par la publication en français chez Bragelonne d’Existence, dernier roman en date de l’auteur que j’ai beaucoup apprécié.
– Dernièrement, j’ai lu le dernier volume de la trilogie Newsflesh de Mira Grant. Cette série de thriller politique dans un futur post-épidémie de zombie aura été une belle lecture. Feed, Deadline et Red Flag se dévorent rapidement avec plaisir. Mira Grant a su construire un univers détaillé et cohérent qui propose une toile de fond originale pour un récit de zombie. La série est disponible en grand format et en numérique chez Bragelonne ou en poche chez Folio SF.
– Terminons la partie livre par une lecture dont je n’ai pas encore parlé (sauf si je me trompe). Si j’ai déjà évoqué Steven Erikson, c’est pour parler de son Malazan Book of the Fallen, probablement la meilleure série de fantasy que j’ai lu à ce jour. Or, entre deux pavés de fantasy l’auteur s’est changé un peu les idées en écrivant Willful Child, roman de space opera décalé. On y suit le capitaine fraichement nommé du Willful Child, vaisseau d’une fédération interplanétaire humaine qui part à la découverte de nouveaux mondes, etc. On y reconnaitra assez facilement une parodie de Star Trek, sous la direction d’un capitaine qui tient surtout du connard fini et dont l’ambition semble être surtout de s’amuser et pas vraiment de suivre les ordres. Un space-opera humoristique qui tacle joyeusement quelques classiques du genre.
Je complète ces recommandations lecture avec deux mangas.
– Tout d’abord, j’en remets une couche sur Space Brothers de Chûya Koyama, édité en France chez Pika. Volume après volume, ce manga confirme sa qualité. L’auteur est toujours aussi précis et documenté dans son récit de l’exploration de l’espace, tout en ne perdant pas ces petites notes d’humour qui détendent l’atmosphère. Après quinze volumes, Koyama parvient encore à innover et apporte régulièrement des idées intéressantes qui permettent de renouveler l’intrigue.
– J’associe toujours assez étroitement Space Brothers à un autre manga parlant d’espace : Planètes de Makoto Yukimura, œuvre dont j’ai aussi causé dans une précédente émission. Cette fois, je veux parler un peu de la série suivante de Yukimura : Vinland Saga (éditée chez Kurokawa). Après Planètes, Yukimura a radicalement changé d’univers en décidant de s’intéresser au monde viking au début du 11e siècle. On va suivre ainsi les aventures de Thorfinn, jeune viking qui combat pour le compte d’Askelaad, l’assassin de son père. Déterminé à se venger un jour, le jeune homme va participer à l’invasion de l’Angleterre par les danois. Dans cette série, on retrouve ce qui a fait la force de Yukimura avec Planètes : un fond bien documenté et détaillé, une intrigue principale sérieuse, émaillée de touches d’humour et de personnages hauts en couleur. Mais aussi une profonde humanité qui touche le lecteur et fait de ses œuvres bien plus que de simples divertissements. On ne cache rien de la violence de cette société basée sur la guerre, le pillage et l’esclavage et le parcours de Thorfinn va prendre bien des détours. Cette capacité de Yukimura à changer radicalement de direction à chaque nouvel arc tout en apportant un sujet intéressant à chaque fois lui permet de faire durer sa série sans jamais lasser. J’ignore encore jusqu’au ira cette série, qui compte déjà seize volumes, mais je suis près à suivre Thorfinn et Yukimura jusqu’au bout du monde.