L’intelligence artificielle est un thème que l’on peut voir traiter à toutes les sauces dans les divers médias. Hors littérature, j’ai commencé par dire quelques mots sur l’univers de Ghost in the Shell, manga adapté par la suite en film d’animation, série animée, etc. En particulier la série Ghost in the Shell : Stand Alone Complex dans laquelle les tachikomas sont très présents. Ces robots s’interrogent parfois sur leur condition tout étant capable de s’amuser au dépend des IA de moindre niveau. On voit notamment une scène dans laquelle ils interagissent avec une androïde qu’ils embrouillent avec le paradoxe du menteur.
Du côté de la SF littéraire, on ne peut évidemment pas passer à côté d’Isaac Asimov et de ses trois lois de la robotique. Asimov a écrit plusieurs dizaines de nouvelles dans lesquelles il exploite les failles de ces lois. En dehors des robots purs, on trouve aussi dans son œuvre plusieurs textes centrés sur Multivac, un super ordinateur capable de gérer la destinée de l’humanité à lui seul… même si cette tâche n’est pas de tout repos pour lui. Dans La dernière question (in L’avenir commence demain chez Pocket ou Le robot qui rêvait chez J’ai Lu), on le voit d’ailleurs attendre patiemment d’avoir récolté suffisamment de données pour répondre à une question sur l’inversion de l’entropie.
J’ai aussi parlé du dernier roman de David Brin, Existence (chez Bragelonne). Dans ce space opera qui démarre sur l’idée du premier contact, Brin fait le portrait d’une Terre future. Et les IA y ont pleinement leur place, d’abord de façon « soumise » puis on voit de quelle façon l’humanité finit par les intégrer en tant qu’individus.
La reine des anges (chez Le livre de poche) de Greg Bear traite aussi de l’IA. En marge d’une enquête policière on suit le périple de la première sonde lancée vers Proxima du Centaure. Cette sonde est gérée par un système intelligent dont le double est resté sur Terre pour essayer d’en simuler le comportement. L’IA restée sur Terre essaie de comprendre si sa sœur est en train d’accéder à la conscience et par ricochet si elle-même est en train de faire la même expérience.
De façon plus générale, on trouve des IA un peu partout dans le space opera. La société de la Culture créée par Iain M. Banks repose pleinement dessus, Un feu sur l’abîme de Vernor Vinge utilise le thème, Hypérion de Dan Simmons y fait évidemment appel, etc. A côté de ses classiques, je propose aussi l’univers du Polity de Neal Asher, dont seul deux volumes ont été traduits en français (L’écorcheur et Drone, chez Pocket). Le Polity est une société dans laquelle les IA gèrent les choses pour le compte de l’humanité. Tout comme avec la Culture de Banks, ce qui est vraiment intéressant c’est de voir ce qui se passe aux frontières de cet univers.
J’ai brièvement évoqué Le problème de Turing (chez Le livre de poche) roman co-écrit par Harry Harrison et Marvin Minsky. On y suit un chercheur en intelligence artificielle dont le cerveau est endommagé suite à un accident. On voit alors la tentative faite pour tenter de reconstruire ce cerveau. L’ouvrage peut être intéressant du fait de la participation de Minsky, grand spécialiste de l’intelligence artificielle. Mais j’avoue ne pas garder un souvenir terrible de l’ouvrage, intéressant sur le thème mais ennuyeux dans son intrigue.
Les peurs que suscitent les IA peuvent pousser à leur imposer des limitations ou à les contrôler. Dans Neuromancien (chez J’ai Lu) William Gibson met en scène la police de Turing chargée de contrôler ces limitations. Dans la série de jeux vidéos Mass Effect, on voit le distinguo entre les intelligences virtuelles et les intelligences artificielles, les secondes étant officiellement bannies. Enfin, on peut carrément décider de bannir les IA et de cramer tout ce qui y ressemble de près ou de loin, comme dans le cadre de l’univers de Dune (chez Pocket) de Frank Herbert avec son jihad butlérien.
Les auteurs de thrillers se servent eux aussi des IA à l’occasion. Ainsi, dans L’indice de la peur (chez Pocket) Robert Harris met en scène un algorithme boursier qui dépassent les espérances de ses créateurs. De son côté, Philip Kerr propose dans La tour d’Abraham (chez Le Masque) le système ultime de domotique où tout va bien jusqu’au moment où le système perd les pédales.
Un petit tour du côté de la bande-dessinée, avec un des épisodes de Spirou & Fantasio du duo Tome & Janry : Qui arrêtera Cyanure ? (chez Dupuis). Où l’on verra encore un robot, en forme de bimbo cette fois, échapper à son créateur. Les deux célèbres aventuriers vont devoir sauver Champignac (et son maire) d’une terrible menace. Un bon album du second âge d’or de la série.
N’oublions pas la fantasy. Car si l’intelligence artificielle est un grand thème de la science-fiction, on peut aussi le retrouver dans cet autre genre. Terry Pratchett joue un peu avec cette idée dans son univers du Disque-Monde, puisqu’il met en scène Sort, une sorte d’ordinateur à base de tuyaux et de fourmis qui s’enrichit lui-même d’éléments supplémentaires au fur et à mesure de la série. J’ai aussi parlé de la série Les psaumes d’Isaak (chez Bragelonne) de Ken Scholes. Le Isaak en question est une sorte de robot à vapeur et le seul survivant et témoin de la destruction d’une cité qui accumulait tout le savoir du monde. Bien qu’étant une machine, le personnage est touchant, notamment par ses angoisses.
Enfin, un petit mot sur la série télé Person of Interest. Harold Finch, le créateur de la Machine a une approche intéressante à propos de sa création. On voit le personnage souffrir du complexe de Frankenstein et de quelle façon il tente de le conjurer. Une approche positive et humaniste, qui rejoint celle empruntée par David Brin dans Existence.