Vu le thème de l’émission, j’ai choisi de parler de piratage informatique et d’informatique plus généralement, dans la SF et ailleurs. La représentation de ces domaines au cinéma et à la télévision est généralement désastreuse en terme de réalisme. J’ai tout de même une petit pensée pour le film Les experts (Sneakers en VO) de Phil Alden Robinson avec Robert Redford, Sidney Poitier, Ben Kingsley, Dan Aykroyd, etc. Un quart de siècle après sa sortie, je trouve le film visionnaire sur le poids de l’information et sa richesse.
Difficile de ne pas évoquer le cyberpunk. Outre la trilogie (Neuromancien, Comte Zéro & Mona Lisa s’éclate) de William Gibson (chez J’ai Lu), je reste toujours « partisan » de Snow crash / Le samouraï virtuel de Neal Stephenson. Ce livre est pour moi une grosse claque en la matière, avec une certaine nervosité dans l’intrigue. Ça part dans tous les sens à cent à l’heure et ça va parfois là où on ne l’attend pas.
Du même Neal Stephenson, on peut aussi se pencher sur son Cryptonomicon, coupé en trois volumes chez nous (chez Livre de poche). Ce gros pavé qui se passe aujourd’hui et pendant la seconde guerre mondiale parle évidemment du cryptage mais aussi de la crypto-monnaie. On a donc des réflexions sur le sujet (et sur bien d’autre), ainsi qu’une illustration de cryptage à base d’un jeu de carte mais aussi comment employé le phreaking de Van Eck pour lire sur l’écran d’ordinateur de son voisin.
Enfin, toujours chez Stephenson, on peut faire un petit tour dans son Baroque Cycle (Quicksilver, The Confusion & The System of the World). Dans cette impressionnante trilogie qui court de 1660 à 1715 et se passe dans le même univers que le Cryptonomicon, l’auteur met en scène la dispute entre Newton et Leibniz, la géopolitique européenne, la gestion de la monnaie, la recherche scientifique et… le cryptage, notamment au point de croix.
Je propose aussi de faire un détour par le space opera avec Un feu sur l’abîme de Vernor Vinge (chez Livre de poche). L’auteur est connu pour être l’un des promoteurs du concept de singularité technologique, mais il aborde aussi d’autres domaines. Dans ce roman, publié en 1992, il nous propose un équivalent galactique d’Internet. On voit de quelle façon les rumeurs se propagent, comment une intox peut prendre de l’ampleur. Il montre aussi un réseau dans lequel les messages peuvent subir plusieurs traductions pour être lisible, perdant parfois une partie de leur sens dans le processus. Vinge parle aussi d’archéologie informatique et du problème que constitue le stockage et la préservation de l’information sur le long terme. On aboutit aux mêmes problèmes que ceux que connaissent aujourd’hui les historiens avec les vieux ouvrages et les manuscrits.
Enfin, pour donner dans l’anecdote j’ai brièvement évoqué George R. R. Martin. Le célèbre auteur du Trône de Fer travaille sur traitement de texte, comme la quasi-totalité de ses collègues aujourd’hui. Mais sa spécificité est de le faire avec Wordstar 4.0, un logiciel datant de… 1987. La machine qu’il utilise pour se faire n’est évidemment pas relié à Internet et n’est donc pas susceptible d’être attaquée par le réseau. Le texte du prochain volume de sa série phare est donc bien protégé de ce côté. Par contre, gare à la panne d’ordinateur.