Ne connaissant pas le film et l’émission semblant partie pour parler de nanar, j’ai suivi un peu cette piste du côté de la littérature. En dérivant par la série B, on arrive sur le domaine de pulp. Ce genre prend son origine dans les pulp magazines qui étaient des publications à bas coût très populaire outre-Atlantique à une époque. C’est d’ailleurs un élément important pour la SF américaine, car jusqu’aux années 1950, c’était le principal canal de publication pour les auteurs du genre. Tous les grands noms, tels Asimov, Heinlein ou Van Vogt, y ont fait leurs premières armes. Si ces auteurs ne sont plus vraiment associés à l’image du récit pulp, certains ont quand même réussi à conserver une certaine notoriété à travers les décennies tout en ayant produit surtout du pulp. On peut ainsi faire un tour dans l’œuvre de Edmond Hamilton, créateur de séries comme Les loups des étoiles (chez Folio SF), Le roi des étoiles (chez J’ai Lu) et surtout connu pour avoir créé Capitaine Futur qui deviendra entre les mains de l’animation japonaise le Capitaine Flam. Les romans à l’origine du personnage sont publiés depuis l’année dernière par les éditions du Bélial, dans le cadre d’une nouvelle collection consacrée au pulp. On trouvera aussi pas mal de matière chez un auteur comme Jack Vance avec des séries comme la tétralogie Tschaï consacrée à un naufragé sur la planète du même nom qui fait la connaissance de diverses espèces humaines et extra-terrestres.
La fantasy n’est bien sûr pas en reste puisqu’elle a aussi pris ses racines dans le même type de publication et que certains classiques du genre en ont émergé. En 1939, Fritz Leiber publie son premier texte consacré à Fafhrd et le Souricier Gris, les héros du Cycle des épées. Ce duo est le prototype de la Sword & Sorcery et correspond à un archétype assez connu des rôlistes : le barbare et le bi-classé voleur/mage. Leiber donnera vie à ces personnages pendant une cinquantaine d’années. On trouve aujourd’hui certains héritiers littéraires qui sont restés dans une certaine proximité de la Sword & Sorcery, tels que Michael J. Sullivan et sa série Les révélations de Riyria. Une série mettant en scène deux mercenaires dans un univers en fait assez complexe et où les intrigues sont assez développées tout en gardant un rythme à l’ancienne, avec un récit assez dense.
Si l’on reste dans la fantasy, on peut difficilement ne pas citer l’un des personnages les plus connus du genre : Conan, devenu archétype du barbare/guerrier, créé par Robert Howard. Il est aussi bien connu sous les traits d’Arnold Schwarzenegger dans l’adaptation cinématographique de John Milius. Le personnage de papier est cependant un peu différent de celui de l’écran et l’ambiance des textes est différente.
Du côté du fantastique, on trouve évidemment un compagnon d’écriture d’Howard, l’incontournable H. P. Lovecraft. S’il est devenu un classique du genre, l’auteur misanthrope a néanmoins publié l’ensemble de son œuvre dans des revues pulp à côté de texte pour la plupart oubliés depuis. Et étant depuis quelques années dans le domaine public, ses textes sont réédités et retraduits à toutes les sauces, peut-être un peu au détriment d’autres auteurs qui disparaissent des radars.
De notre côté de l’Atlantique, on peut citer dans les séries pulp à rallonge La compagnie des glaces, écrit par G.-J. Arnaud. Située dans un futur post-apo où la Terre est recouverte de glaces et où l’humanité survit à bord de train qui roulent inlassablement, cette série compte plusieurs dizaines de volumes (ce qui m’a d’ailleurs assez vite lassé).
Ceci dit, c’est toujours nettement plus court que la série Perry Rhodan. Publiée outre-Rhin toutes les semaines sous forme de novella depuis 1961, c’est probablement la série de science-fiction la plus longue au monde. Le jour de l’enregistrement de ce numéro de l’ATG voyait la publication du 2945e numéro. Cette interminable saga compte naturellement plusieurs séries dérivées et aurait dépassé le cumul de deux milliards d’exemplaires vendus. Tout ceci n’est évidemment pas dû qu’à la paire d’auteurs (ou de pseudonymes plus exactement) qui ornent les couvertures. Des dizaines d’auteurs germanophones se sont succédés au fil du temps, dont un temps Andreas Eschbach.
Plus proche de nous dans l’espace et le temps et surtout beaucoup plus court, j’avais assez apprécié la petite série Jésus contre Hitler sous la plume de Neil Jomunsi. Histoire improbable dans laquelle John J. Christ est au service d’une mystérieuse agence qui lutte contre l’affreux moustachu d’outre-Rhin, qui a survécu à la chute de son reich de mille ans. C’est voulu comme du pulp dans la grande tradition et plutôt agréable à lire.
Enfin, j’ai eu l’occasion de lire en anglais un roman qui exploite aussi les clichés d’un certain genre de pulp : The Last Adventure of Constance Verity écrit par A. Lee Martinez. Constance Verity n’est pas n’importe qui : elle sauve le monde tous les jours. Que ce soit les néo-nazis pédophiles zombies, les entités d’extra-dimension ou les pirates d’outre-espace, rien ne lui résiste. L’effet d’une bénédiction de fée à la naissance. Mais Constance en a ras le bol et voudrait vivre une vie ordinaire. Ce qui revient à essayer de contredire l’ennemi le plus puissant existant : le destin. L’ouvrage m’a rappelé quelques très bons souvenirs. Tout d’abord l’oeuvre de Jasper Fforde, par la foisonnance de détails, parfois les plus improbables mais toujours avec une certaine cohérence. Ainsi, Constance ne peut pas sortir dans la rue sans qu’un tueur à gage tente d’avoir sa peau et sa meilleure amie a pour principale passe-temps de se faire enlever. J’ai aussi retrouvé un peu de la série de FPS No One Lives Forever, par le biais des gadgets improbables, des discussions entre les hommes et femmes de main, les échanges avec les grands méchants sur l’art difficile de la construction des bases secrètes, etc. Bref, un ouvrage qui m’a beaucoup fait sourire en jouant avec les clichés.