En cette émission de rentrée, j’avais fait le tour de mes lectures récentes. J’ai commencé par une novella de la collection Une Heure-Lumière des éditions Le Bélial : Un pont sur la brume de Kij Johnson. Dans ce texte, on se retrouve dans un pays inconnu et l’on suit un ingénieur dont la mission est de construire un pont par dessus le fleuve de brume qui coupe le pays en deux. On découvre cet environnement particulier, le danger qu’il y a traverser le fleuve sans pont, ce qui peut bien s’y trouver, les gens qui vivent aux alentours du fleuve, etc. C’est un beau texte dans j’ai beaucoup aimé l’ambiance.
Ensuite, j’ai parlé de space-opera avec Le voyage de Havilland Tuf de George R. R. Martin. Il s’agit ici d’une série de nouvelles et de novella que l’auteur a ensuite réuni sous forme d’un fixup. On y suit Havilland Tuf qui va de planète en planète avec son vaisseau et essaie de proposer ses services. Sa spécialité : les manipulations génétiques (et l’élevage de chat). J’ai trouvé ça très plaisant, avec une petite touche Jack Vance dans la façon de décrire les choses. J’ai aussi apprécié la façon un peu étrange que le personnage principal a de s’exprimer.
Après, j’ai présenté un recueil : Infinités de l’indienne Vandana Singh. Cette fois, il ne s’agit pas de SF qui va loin dans le l’espace et le temps mais qui parle beaucoup du présent et est très centré sur l’humain. L’ambiance change pas mal aussi de ce à quoi m’a habitué la SF anglophone, notamment avec cet étrange mélange de l’Inde moderne où récent (nouvelles technologies…) et ancien (castes, condition des femmes…) se côtoient. Tout ça avec un enrobage SF qui s’intègre bien aux récits.
J’ai causé un peu de fantastique, avec American Elsewhere de Robert Jackson Bennett. Un épais roman dans lequel on suit une jeune femme à la dérive et qui après avoir enterré son père se découvre un héritage inattendu : la maison de sa mère que son père n’avait jamais réclamé. Elle n’a alors plus que quelques jours pour faire valoir ses droits. On découvre donc la petite ville de Winck, un endroit improbable et anachronique. Le récit va partir à la dérive petit à petit. L’éditeur cite Stephen King ou Lovecraft mais j’ai aussi pensé à Tim Powers ainsi qu’à Les femmes de Stepford d’Ira Levin. L’ouvrage a des idées intéressantes et l’ambiance est plutôt bien rendu mais il n’est pas exempt de défaut, à commencer par le fait qu’il pourrait faire deux cents pages de moins.
Ensuite, il a été question de fantasy avec La grâce des rois, de Ken Liu. Dans ce premier volume de trilogie (depuis devenu une tétralogie), on se retrouve dans un monde très inspiré de l’histoire chinoise (avec quelques autres éléments). Il s’agit d’une intrigue de pouvoir avec un conflit pour un trône. J’ai beaucoup apprécié l’abord assez fin du conflit, avec une prise en compte de la logistique et de l’économie, sans toute fois perdre le côté héroïque. On a d’ailleurs un peu un aspect de conte sur les personnages hors norme, à la fin de La magnificence des oiseaux. J’ai trouvé que ça se lisait, l’intrigue avançant assez rapidement et ça a l’avantage de ne pas demander d’enchaîner directement avec le volume suivant.
J’ai aussi parlé d’un ouvrage de vulgarisation : Le grand roman de la physique quantique de Manjit Kumar. Enfin, ça n’est pas tout à fait de la vulgarisation mais un abord historique sur les découvertes évoquées par le titre. L’auteur centre son récit sur l’opposition entre Albert Einstein et Niels Bohr et va montrer toute la succession de scientifiques qui au fil des décennies vont percer les secrets de l’atome et découvrir de nouveaux horizons encore insoupçonnés à la fin du 19e siècle. Ce livre présente vraiment bien qui a découvert quoi et comment, ainsi que l’importance des relations entre tous ces scientifiques.
Il a aussi été question de bande-dessinée et j’ai commencé par un manga : Assassination Classroom de Yusei Matsui. On y suit les élèves d’une classe qui font la connaissance d’un nouveau professeur très particulier. M. Koro n’est pas humain et à la capacité de se déplacer de façon hypersonique. Il a aussi détruit la moitié de la Lune et de menace de faire de même avec la Terre si l’on n’accède pas à ses demandes : devenir le professeur d’une classe de laissés pour compte qu’il va former pour devenir des assassins avec un seul but, le tuer avant la fin de l’année scolaire. La mécanique du professeur hors norme qui s’intéresse aux jeunes en marge du système rappelle évidemment GTO, le classique du genre. Ça démarre comme un manga plutôt rigolo mais qui ne semble pas mener à grand chose. Mais l’auteur arrive à bien développer ses nombreux personnages et M. Koro, sous ses airs de type un peu perdu et tête en l’air, manifeste un intérêt sincère pour le bien-être de ses élèves. La série n’est pas si longue que ça pour un shonen (vingt-et-un volumes) et je l’ai trouvé assez bien fourni en émotion. Et je suis arrivé à la fin avec une petite larme au coin de l’oeil.
J’ai ensuite parlé un peu d’un comics de super-héros avec Superman Identité secrète de Kurt Busiek et Stuart Immonem. On y raconte l’histoire Clark Kent, un ado de notre monde qui vit avec le poids de s’appeler comme le personnage de comics bien connu. Mais il va s’avérer qu’il possède lui aussi des pouvoirs. Clark va alors calquer son identité sur celle du comics. En quatre temps et quatre époques, on voit comment Clark accepter ses super-pouvoirs, comment il trouve sa Lois, etc. Dans ce comics, Busiek essaie d’avoir une approche un peu plus réaliste du personnage : il lui est plus difficile de cacher son identité (une simple paire de lunettes ne suffit pas), l’état américain cherche à le contrôler sérieusement, etc. Et tout ça avec un traitement humain des personnages toujours au top (marque de fabrique du scénariste). Sur le plan graphique, c’est tout simplement superbe.
Enfin, j’ai parlé de BD franco-belge avec Frnck, une série écrite par Olivier Bocquet et dessinée par Brice Cossu. Franck est un ado orphelin qui se retrouve projeté par accident dans la préhistoire. Et la préhistoire, pour un ado du 21e siècle, c’est vraiment la misère. Pas de réseau pour le smartphone. Pas de feu pour se réchauffer. Même pas de voyelle. Sous ces airs de série rigolote, c’est vraiment très touchant par moment, avec des personnages vraiment bien faits. On voit Franck découvre ce monde très différent du sien et notamment ses nombreux dangers (méfiez-vous des lapins). On le voit essayer d’amener des idées à la tribu qui l’a accueilli : la maîtrise du feu, la cuisson des aliments, etc. Graphiquement, c’est beau. Les planches sont denses, bien organisées et c’est plein de détails sympas. Enfin, le premier cycle composé de quatre albums est parvenu à très bien m’emmener, j’ai beaucoup rigolé, j’ai un peu pleuré aussi et j’ai pris quelques belles claques avec l’intrigue. J’aurais adoré lire cette série étant ado. J’adore la lire étant adulte.