J’ai commencé ma chronique en faisant la promotion d’un podcast concurrent : On n’est pas trop vieux pour ses conneries, réalisé par le même fournisseur que les très bons Hommage Collatéral. Il s’agit ici de réunir quelques invités autour d’un élément culturel « d’autrefois », comme par exemple la série X-Files, L’école du micro d’argent, etc. Et j’ai personnellement participé à quelques épisodes (Jurassic Park, Blade Runner et Lucas Art en deux parties ainsi qu’un épisode spécial sur le 11 septembre). Il y a plein de bonnes choses, n’hésitez pas à y jeter un coup d’oreille.
Ensuite, il a donc été question de communication. J’ai d’abord fait un petit rappel sur le fait que le principe de satellite télécommunications sur orbite géostationnaire a été proposé par un écrivain de science-fiction : Arthur C. Clarke. Il n’a pas breveté l’idée à l’époque et s’en est un peu désolé.
Il a ensuite été question de science-fiction elle-même, avec la communication. J’ai rangé un peu les exemple en plusieurs catégories, en commençant par celle des communications instantanées. Comme par exemple le Dirac, créé par James Blish dans sa nouvelle Bip et qu’il a repris ensuite dans son roman Les quinconces du temps (1973). Ensuite, il a le célèbre Ansible, créé par Ursula K. Le Guin dans Le monde de Rocannon. Le terme a ensuite été repris par divers auteurs de SF (Orson Scott Card dans Ender, Dan Simmons dans Illium, Kim Stanley Robinson dans 2312…) Le principe de fonctionnement de ce système n’est pas toujours très clair, mais ça fait une bonne quincaillerie SF. On trouve un principe un peu équivalent dans The long way to a small angry planet (L’espace d’un an en VF) de Becky Chambers où l’on suit un groupe de personnages qui manœuvrent l’équivalent d’un tunnelier pour trou de ver : ils disposent d’un système de communications instantanée. Si l’ouvrage n’est clairement pas de la hard science, je le recommande vivement pour son orientation sur les relations entre personnages d’espèces différentes (et puis sa suite aussi). Enfin, j’ai évoqué le phantasme de l’intrication quantique qui, de ce que j’en ai compris, ne permettrait en réalité pas de communiquer plus vite que la lumière. On retrouve en tout cas ce mode de fonctionnement dans le diptyque Crépuscule d’acier/Aube d’acier de Charles Stross, un space opera post-singularité avec une scène d’ouverture improbable, dans laquelle des téléphones pleuvent sur une planète.
On peut ensuite trouver des modes de communication qui ne sont pas instantanés mais parviennent néanmoins à dépasser la vitesse de la lumière. C’est par exemple le cas avec l’hyperfaisceau que l’on peut apercevoir dans la série Fondation d’Isaac Asimov. On a aussi le même genre de chose dans Un feu sur l’abîme, de Vernor Vinge, dans lequel la galaxie est divisée en plusieurs zones dans lesquelles il est possible, ou pas, de dépasser plus ou moins largement la vitesse de la lumière.
Enfin, il y a les œuvres de SF dans lesquelles on ne peut pas dépasser la vitesse de la lumière. Dans ce cas, il faut être patient non seulement pour voyager mais même pour avoir des nouvelles du système stellaire voisin. C’est notamment le cas dans la série qui commence par L’espace de la révélation, où Alastair Reynolds décrit très bien ce genre de situation : l’information met du temps à se transmettre. On retrouve aussi ceci dans le roman Contact de l’astrophysicien et vulgarisateur Carl Sagan, dans lequel un message reçu des étoiles est le déclencheur de l’histoire (avec en plus un signal caché dans le signal, etc.)
J’ai aussi parlé un peu de la communication dans la fantasy. On trouve évidemment tout un tas de bricoles magiques qui font le même office que la quincaillerie de SF : des sorts quelconques, des objets magiques à la noix ou encore les palantirs de Tolkien. Mais une approche plus technologique est possible. C’est celle choisi notamment par Terry Pratchett dans sa série du Disque-Monde, où l’on voit l’évolution sociétale et technologique au fur et à mesure des volumes. Ainsi, dans Le cinquième éléphant, on voit apparaître le réseau de clic-clacs, qui semble une sorte de télégraphe Chappe, un système permettant de transmettre des informations plus rapidement qu’un messager à cheval. Dans la série Le trône de fer de George R. R. Martin, c’est plutôt l’absence de communications qui est illustrée, puisque les nouvelles mettent du temps à voyager et que ce décalage influe sur le déroulement de l’intrigue.
Enfin, j’ai évoqué l’un des modes de communications les plus loufoques que j’ai pu rencontrer dans la littérature : le NDBDP-phone dans la série Thursday Next de Jasper Fforde. Dans le deuxième volume, Délivrez-moi, il est possible aux personnages de communiquer entre eux par l’intermédiaire des notes de bas de page. Ça parait délirant et pourtant l’auteur arrive à faire fonctionner ça.