The Pacific

Ce blog se limitait au début aux livres du genre de l’imaginaire. Puis j’ai étendu sa politique éditoriale aux ouvrages historiques. Avant d’y ajouter les jeux vidéos. Cette année, j’élargis encore le spectre des sujets proposés puisque je vais y ajouter des séries télé et peut-être aussi des films. Et je commence par l’une des dernières séries que j’ai enfin regardé, avec une bonne décennie de retard : The Pacific.

La série est en quelque sorte une forme de continuation de la mini-série Band of Brothers, diffusée au début des années 2000. Produite par Steven Spielberg et Tom Hanks, dans le sillage du film Il faut sauver le soldat Ryan, cette dernière suivait les membres d’une compagnie de la 101e division aéroportée américaine pendant la seconde guerre mondiale. Tous les personnages mis en scène ont réellement existé et la série tentait de coller au plus près de la réalité historiques : les combats étaient montrés de façon assez brute, les événements étaient documentés, etc. L’ensemble s’appuyait sur un ouvrage de l’historien Stephen Ambrose. Chaque épisode était encadré par des témoignages des véritables membres de compagnie, interviewés par la production.

Le petit garçon de Jurassic Park a bien grandi (et oui, c’est lui)

The Pacific reprend le même principe. Une unique saison de dix épisodes et des personnages historiques avec à nouveau des combats filmés de façon assez brutale. Le choix est cependant fait cette fois de suivre plus précisément trois soldats en particulier, ainsi que leur entourage au combat. Les épisodes vont donc alterner le focus entre ces protagonistes.

Au contraire de Band of Brothers où un épisode entier était consacré à la formation et la préparation de l’unité avant que n’arrive les combats, The Pacific met ces derniers en scène dès le premier épisode. On voit les adieux au famille des différents protagonistes et après un détour par le camp d’entraînement, on débarque à Guadalcanal. Je suppose que le fait de ne plus suivre une unité précise joue sur ce choix. Ainsi que le laps de temps plus restreint dans la réalité : la première division de Marines débarque à Guadalcanal en août 1942 alors que la compagnie Easy n’engage le combat en Normandie qu’en juin 1944.

La série a son lot de scènes de combat

La série met en scène principalement cinq campagnes/batailles : Guadalcanal, Cap Gloucester, Peleliu, Iwo Jima et Okinawa. Tout comme dans sa série sœur, les combats sont représentés de façon « réaliste ». C’est violent, brutal, on est plongé au cœur de l’action, on ressent bien le chaos, etc. C’est donc un point à bien prendre en compte avant de regarder cette série. D’autant plus que je l’ai trouvé plus violente que la précédente. Essentiellement pour deux raisons.

La première est l’état mental des soldats. Si les situations de guerre ont toujours un effet sur les combattants et que des films comme Il faut sauver le soldat Ryan ou des séries comme Band of Brothers le montre bien, dans The Pacific je trouve que l’on va encore plus loin. Les soldats passent des semaines, voire des mois, dans des environnements hostiles, en dehors des considérations guerrières : jungle, chaleur, pluie diluvienne qui détrempe tout et empêche de trouver le moindre réconfort, même pas dans un repas chaud, etc. Ces hommes vivent dans un milieu qu’ils ne connaissent pas et qu’ils supportent difficilement. Et puis il y a l’adversaire. Le théâtre du Pacifique est bien plus teinté de racisme que celui d’Europe. Avant même les combats, les soldats américains ont une vision partiellement déshumanisée des japonais. Et la façon de se battre de ces derniers ne va rien arrangé : charges banzaï, soldats blessés/capturés qui se font sauter à la grenade, non respect des conventions sur les prisonniers, etc. Bref, rapidement les américains adoptent une attitude similaire sur certains points : exécution des blessés adverses, etc. La guerre du Pacifique est une guerre qui fait peu de prisonniers. Si Band of Brothers montrait aussi des soldats alliés exécutant des prisonniers allemands, on voyait pourtant qu’il s’agissait de cas isolés. Là, il s’agit de la norme. Cette descente aux enfers morale est bien visible dans le personnage d’Eugene Sledge, qui arrive avec des idéaux dans la tête et qui va descendre petit à petit la pente l’amenant à commettre des actions qu’il ne pouvait imaginer avant.

Entre la jungle, la pluie et les combats, l’hygiène n’est pas au top

La deuxième raison qui fait que je trouve cette série plus violente est la partie sur Okinawa. Pendant la majeure partie de la série, les soldats se battent dans des environnements où peu voire pas de civils vivent. Ce n’est pas le cas à Okinawa, île comptant plusieurs centaines de milliers d’habitant. Et iels paient un très lourd tribut dans cette bataille. La seconde guerre mondiale a été une terrible épreuve pour de trop nombreux civils, mais la bataille d’Okinawa est probablement l’une des pires dans un ensemble pourtant riche en horreur. Civils poussés au suicide par les forces armées japonaise, piégés à la grenade, pris entre deux feux, victimes de tirs de « précaution » des américains, etc. Ces aspects ne sont pas édulcorés par la série et culminent dans une scène de bataille absolument atroces entre américains et japonais, ces derniers étant partiellement cachés par des civils utilisés comme boucliers humains. Je connaissais la particularité de cette bataille avant de regarder la série, mais voir une chose mise en scène n’est pas pareil que d’en connaître simplement l’existence.

Bref, je trouve la série particulièrement dure mais juste sur la réalité de ce qu’elle tente de montrer. Néanmoins, le propos ne se résume pas à un enchaînement de bataille et une descente aux enfers continue pour les protagonistes. Au-delà de scènes diverses de camaraderies usuelles sur des hommes enrégimentés, la série propose aussi un regard sur l’arrière. D’abord avec le repos en Australie, où les marines vont pouvoir retrouver un semblant de contact avec la vie civile, les bars, les disputes avec les autres forces armées, notamment australiennes, et bien évidemment les relations – sexuelles ou non – avec les femmes. Ensuite, l’hôpital où l’un des protagonistes fera un séjour pour un problème qui ne relève pas de la blessure de combat mais pourtant bien lié à la guerre. Une séquence qui montrera l’impact psychologique des combats, avec l’exemple de certains soldats devenus littéralement fous. On verra aussi plusieurs fois la situation aux États-Unis, notamment par le biais d’un soldat récompensé et rapatrié au pays pour faire des tournées et vendre des emprunts de guerre. John Basilone a d’ailleurs un destin hors-norme et la série rend très bien son dilemme et son envie de retourner au combat. Et de ce que j’ai pu trouvé de ses véritables exploits sur le champ de bataille, la série donne presque l’impression d’être en-dessous de la réalité pour la séquence à Iwo Jima. Enfin, le dernier épisode parle de l’après. Comment des hommes qui ont passé plusieurs années dans un enfer complet peuvent-ils retrouver une place dans un monde en paix ? La série se conclut sur un récapitulatif du destin des différents personnages, plutôt émouvant.

Des soldats, un bar, beaucoup d’alcool, que pourrait-il se passer ?

Il y a encore quelques petits détails que j’ai apprécié dans cette série. The Pacific fait partie de ces œuvres où la production a tenté de donner du réalisme au comportement de ses interprètes, qui ont sûrement du suivre l’une de ses préparations militaires en vogue depuis Il faut sauver le soldat Ryan. Et ça se voit. J’ai en particulier remarqué le soin que les personnages, pour la plupart liés à des équipes s’occupant de mitrailleuse et de mortier, avaient de leur matériel et de sa mise en place dès qu’une halte s’improvisait. Certaines actions semblaient comme des réflexes. J’ai trouvé aussi très malin la façon de montrer où se passe l’action. A chaque début d’épisode, ou changement de lieu, on part d’une carte du Pacifique qui zoome ensuite jusqu’à trouver l’île concernée. Cette mise en scène simple est cependant très efficace pour faire ressentir que ces personnages se battent littéralement sur des confettis au milieu d’un océan immense. Lors des focus sur Peleliu, j’ai eu l’impression que le zoom en avant ne s’arrêterait jamais tant l’île est petite et invisible depuis la vue d’ensemble. Cet effet m’a d’ailleurs fait prendre conscience du fait que j’ai beau connaître pas trop mal la bataille de Guadalcanal, je serai incapable de trouver précisément l’île sur une carte sans indication. Tout au plus sais-je dans quel archipel elle se trouve.

Bref, j’ai beaucoup aimé cette série. Au-delà de la représentation historique très appréciable, je me suis assez bien attaché à certains personnages et ça aide à traverser l’enfer qu’est la guerre dans le Pacifique. Je la recommande évidemment à celleux qui ont apprécié Band of Brothers ainsi qu’à celleux qui veulent comprendre un peu ce qu’a pu être cette phase de la seconde guerre mondiale… et qui sont prêt-e-s à en supporter la violence. L’expérience n’est qu’une fraction infime de ce qu’on vécu ces gens, mais je pense qu’elle peut tout de même laisser des traces (c’est mon cas).

L’épuisement marque les personnages

The Pacific (L’enfer du Pacifique en VF)
série américaine tournée en anglais
1 saison de 10 épisodes d’environ 50 minutes chacun

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